En ce début de printemps, nous partons à la rencontre de Geoffrey Siriongue qui vient d’obtenir un CDI à temps plein dans un magasin Super U à Villeurbanne après un parcours en milieu protégé. Il travaille maintenant dans une structure d’une soixantaine de salariés. Retour sur le parcours d’un travailleur motivé et déterminé à réussir.

De l’ESAT au milieu ordinaire

A peine arrivés au Super U de Villeurbanne, nous sommes accueillis par Geoffrey Siriongue, en tenue de travail, puis rejoints par Frédéric Fanget, Directeur du magasin, Clément Arnaud, manageur du rayon épicerie et Joëlle Cook, chargée d’insertion professionnelle et formatrice à l’ALGED.                                  

Geoffrey Siriongue nous explique son parcours : « Avant de venir ici, je travaillais à l’ESAT Robert Lafon de Villeurbanne, dans l’atelier de conditionnement pour le client Renault Trucks puis en blanchisserie. Je m’occupais des livraisons. »

En 2013, il découvre le secteur de la vente grâce à une mise à disposition* au sein du Casino de Lyon 8e pour une mission de mise en rayon et de pose d’antivols : un travail qui lui plaît particulièrement. Très intéressé par le milieu ordinaire de travail, il demande en 2022 à suivre une formation « Pôle passerelle » mais Geoffrey doit encore apprendre à mieux gérer ses émotions. Il sera prêt pour la session de formation de 2023 organisée et animée par ALGED Compétences (au SIP), qui lui donneront les clefs pour intégrer le milieu ordinaire de travail.

« Quand je suis entré au Pôle Passerelle, mon objectif, c’était le milieu ordinaire. Je voulais être Employé Libre-Service ou Gardien d’immeuble. Cette expérience à Casino m’a vraiment marquée. Le 9 octobre 2023, j’ai pu faire un mois de stage ici, à Super U de Villeurbanne. Je suis parti en vacances et à mon retour le 4 décembre, j’étais en CDI. »

D’abord affecté au rayon « Epicerie », puis à celui des « Liquides », il élargira ensuite son champ de compétences aux rayons « Café » et « Chips ». Très motivé et volontaire, il s’intègre rapidement à l’équipe en place. Il progresse vite, gagne en polyvalence. En décembre 2023, le magasin SUPER U de Villeurbanne, très satisfait du travail de Geoffrey SIRIONGUE, l’embauche en CDI en tant qu’Employé de rayon. L’aboutissement d’un travail sérieux, d’une grande motivation et d’un parcours déterminé

.*mise à disposition : pendant plusieurs semaines, l’ouvrier d’ESAT part travailler dans l’entreprise tout en restant lié à l’ESAT.

Un quotidien ordinaire

« Chaque jour, du lundi au samedi, je travaille de 5h30 à 13h. Le mercredi est mon jour de repos et le samedi je travaille de 5h30 à 12h15. On décharge les palettes des camions, on fait la mise en rayon avec le tri des cartons et des plastiques. Quand la date limite de consommation des produits est dépassée, je les enlève des rayons, je mets à jour les étiquettes électroniques… » explique Geoffrey.

Clément, manageur avec qui Geoffrey travaille beaucoup en binôme, complète : « Tu participes aussi au facing (ndlr : disposition des produits dans les rayons) avant l’ouverture, à la casquette qui consiste à redescendre les reliquats, à faire la rotation des produits en vérifiant les dates et les produits qui peuvent être abîmés. On prépare aussi les produits qui seront vendus sur la plateforme Too Good To Go, la mise en rayon, l’affichage des prix… C’est beaucoup de polyvalence ».

Frédéric Fanget, Directeur du magasin ajoute : « Entre le stage de départ en octobre dernier et aujourd’hui, il y a une très belle évolution. On voit que Geoffrey est de plus en plus à l’aise, il est très consciencieux, même le rangement des escabeaux c’est toujours fait. »

Joëlle Cook qui a accompagné Geoffrey depuis le début et avait établi les premiers contacts avec ce magasin, est tout autant satisfaite de cette très belle insertion : « Au départ, j’ai contacté cette enseigne parce que ce n’était pas loin du domicile de Geoffrey et que les missions pouvaient correspondre. Lorsque je le vois sourire constamment et épanoui, c’est une véritable satisfaction. Geoffrey est très serviable, toujours attentif… la valeur travail est très importante pour lui. »

Une progression positive dans le travail mais aussi dans le handicap

 « Vous vous souvenez, le 1er jour du Pôle passerelle ? » se rappelle Joëlle avec bienveillance. « Il y avait le sourire, la motivation mais je ne comprenais vraiment pas ce que vous disiez. Mais vous saviez ce que vous vouliez, vous avez atteint vos objectifs. Et aujourd’hui, je vous comprends très bien ».

Le Directeur poursuit « Effectivement, ta plus belle évolution c’est la parole, on te comprend bien mieux qu’avant, tu prends plus le temps de t’exprimer. On sent que tu as davantage confiance en toi aussi.

Je pense qu’il y a une vraie volonté de travailler et depuis longtemps pour Geoffrey. Il se plaît dans ce qu’il fait, il a une maîtrise de son rayon maintenant. Il n’est jamais en attente de travail, il vient toujours chercher ce qu’il y a à faire et on lui donne régulièrement de nouvelles missions. Il va par exemple gérer l’intégralité du rayon petit déjeuner désormais. Il gagne constamment en compétences ».

Geoffrey confirme : « J’aime vraiment être là, j’aime aussi la mise en rayon, le travail avec les clients… Ce travail c’était mon projet. Et c’est une bonne équipe, ils sont à l’écoute. Quand je ne comprends pas quelque chose, je leur dis lentement et ils comprennent. »

« Il y a une réelle progression » ajoute Clément. « Il a tout de suite bien pris en main pris le rayon café. Lorsqu’il est arrivé, c’était une période où il fallait tout reprendre et il a fait ça très bien. Il est toujours très à l’heure, il écoute les consignes, le travail est bien fait. S’il a un doute il vient demander. Il est même beaucoup plus performant que d’autres salariés ordinaires. Et ça fonctionne très bien, tout le monde est content. Même les fournisseurs viennent parler avec lui ».

Le Directeur conclut : « Quand il y a la volonté collective, cela fonctionne. Et le feeling avec Joëlle a aussi beaucoup contribué à faciliter l’intégration de Geoffrey. Ça a été une belle rencontre humaine et ça a même apaisé certaines relations dans l’équipe. Il nous tire vers le haut »