Ce samedi 8 avril, le journal régional Le Progrès revient sur la rencontre consacrée à la vie intime et affective des personnes en situation de handicap qui a eu lieu le 3 avril dernier, dans la salle du Toboggan à Décines. 

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« Raphaëlle, Diyé, Cécile, Nicolas, Sarah et quelques autres ont expliqué que leur handicap ne les empêchait nullement d’avoir «du désir comme tout le monde», au cours d’une rencontre consacrée à la vie intime et affective des personnes en situation de handicap. Leurs échanges avec des professionnels du secteur médico-social alimenteront la 6e Conférence nationale sur le handicap.

Seule sur scène, Raphaëlle Dessertine prend une longue inspiration, la voix un peu étranglée par l’émotion, avant de faire sa déclaration : « Damien, tu es mon ami, mon meilleur ami, mon amant… l’homme de ma vie. Damien, je t’aime de tout mon cœur ! » La jeune femme atteinte de trisomie est vivement applaudie.

Raphaëlle est l’une des actrices de la troupe Insolite Fabriq de Malo Lopez, responsable artistique à l’Alged, qui vient de créer une pièce autour de « Roméo et Juliette », une œuvre en résonance avec les histoires d’amour des personnes handicapées souvent empêchées. Les acteurs y basculent de la fiction à des interviews où ils racontent leurs histoires d’amour.

« Je veux simplement montrer à tout le monde que, oui, j’ai un handicap mais on peut très bien avoir un amoureux et faire plein de choses. Regardez-moi comme une per­sonne qui aime, qui a besoin qu’on l’aime, qui a besoin d’amour», de­mande Raphaëlle quand sa collè­gue Cécile proclame : « Pour moi, l’amour, c’est grandiose ! »

Dans la salle du Toboggan à Déci­nes, ce 3 avril, de nombreux spectateurs sont aussi atteints de handi­cap et, comme Raphaëlle et Cécile, ils ne veulent pas que cela affecte leur vie intime et affective. Ils sont venus le dire au cours d’une soirée, organisée par l’Agence régionale de santé et la préfecture, dont les échanges viendront nourrir la 6e Conférence nationale sur le handi­cap. « Ce n’est pas parce qu’on est invalide qu’on n’a pas un désir com­me tout le monde », glisse dans une interview télévisée Guillaume Bats. À 34 ans, cet humoriste atteint de la maladie des os de verre est en cou­ple avec la« 2e nana de (sa) vie». On me demande comment tu fais? Car les deux sont belles ! », raconte-t-il, pince-sans-rire, jouant avec sa bouche déformée. 

Un plaidoyer
Membre du Collectif Tou-tes con­cerné·es 69 !, issu des États Géné­raux des personnes vivant ou ayant vécu des troubles psychiques (2019), Nicolas Rameau rappelle les préconisations émises dans un « plaidoyer » : instaurer une per­manence de sexologue dans les CMP, évoquer la sexualité avec les psychologues et les médecins et qu’ils acceptent de modifier les trai­tements s’ils ont des conséquences sur la sexualité, demander aux la­boratoires de travailler sur les effets secondaires des médicaments di­minuant la libido, ne pas perdre son allocation d’adulte handicapé quand on est en couple. Malgré l’adoption de la déconjugalisation de l’AAH par le Parlement en août 2022, le dernier décret d’appli­cation de la mesure n’a toujours pas été publié, exposant toujours les personnes handicapées à la préca­rité si elles veulent vivre ensemble. »